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Cameroun: le mouvement “10 millions de Nordistes” veut mettre le pouvoir politique à la croisée des chemins

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Interdit d’activités par le ministère de l’Administration territoriale le 18 novembre, il est cependant peu probable que ses initiateurs s’arrêtent en chemin

 

A force de gratter sur le vernis de l’équilibre régional - en demandant aux décideurs publics de respecter à la lettre les quotas approuvés légalement dans les concours publics et les recrutements dans l’administration publique - sous le prétexte de la vigilance citoyenne, le mouvement “10 millions de Nordistes” a fini par se faire taper sur les doigts, avec l’interdiction de ses activités prise par le ministère de l’Administration territoriale le 18 novembre.

Pour ne pas permettre à d’autres acteurs d’ouvrir la boîte de pandore des problèmes de développement régionaux - avec la crise anglophone encore en cours et les concessions déjà faites aux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest par l’Etat -, le Minat, Paul Atanga Nji, a décidé d’interdire d’activités le mouvement “10 millions de Nordistes”, évoquant sa non légalisation en tant qu’association et le risque que ce dernier fait courir à “l’unité nationale” et à “la coexistence pacifique entre les différentes communautés nationales”.

On peut déjà voir poindre à l’horizon la difficulté à mettre en pratique l’interdiction du Minat. Le Mouvement dont le patron de presse Guibai Gatama assure le porte-parolat, ayant souvent diffusé ses positions sur les problématiques de développement humain des trois régions septentrionales (Adamaoua, Nord, Extrême-Nord) sur les réseaux sociaux (Facebook principalement), le gouvernement va-t-il prendre la même mesure pour toutes les déclinaisons de ce mouvement - autant qu’il pourrait y en avoir - ou si un individu venait à endosser ses positions ?

Des plaintes pour musellement de la liberté d’expression et d’opinion pourraient facilement suivre auprès d’institutions nationales et internationales.

Les initiateurs de “10 millions de Nordistes”, qui viennent s’indigner en 2020 du fait que le Grand nord concentre les plus faibles indicateurs de développement humain au Cameroun (en termes de scolarisation, d’accès à l’énergie, à l’eau potable, accès à l’emploi) en dépit du poids démographique et surtout de l’apport des trois régions aux différentes élections en faveur du parti au pouvoir (47% des 72% de voix récoltées par le candidat Paul Biya du RDPC à l’élection présidentielle de 2018), ne sont pas naïfs. 

Etant donné que leurs actions de fédération d’une masse critique de citoyens de ces trois régions arrivent en 2020, après plus de 38 ans de présidence de Paul Biya, on ne peut pas ne pas y voir un calcul politique.

Des intellectuels, qui se reconnaissent dans les objectifs du mouvement ou qui en sont les initiateurs, veulent peser dans les tractations de l’après Paul Biya pour de plus importants gages collectifs ou personnels. Si le système a longtemps tenu, avec le maintien d’une certaine élite politique au fil des décennies, d’autres personnes veulent voir la lumière du soleil ou voir l’émergence de nouveaux leaders et accéder à d’autres postes stratégiques de l’Etat en brandissant la menace d’une candidature consensuelle du Grand nord à la future élection présidentielle.

Les batailles de l’après Paul Biya sont clairement en train de se dessiner, avec les Anglophones, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) assimilé par extension aux Bamilékés, le mouvement “10 millions de Nordistes” actuellement, en attendant probablement d’autres regroupements qui pourraient surgir avant 2025.

Les détenteurs du pouvoir politique actuel sont à la croisée des chemins, où il faut décider des alliances à gérer, de la nouvelle organisation du gouvernement, de la nouvelle forme de l’Etat ou d’une réforme du contrat social, avant le moment fatidique.

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